mercredi 15 octobre 2008

Le pays de l'araignée



Tandis que je tente désespérément de suivre mes amis qui ont envahi l'endroit comme autant de parasites, la lumière ne colle pas avec l'ambiance. Un je-ne-sais-quoi distille du malaise. Le mien uniquement, puisque tout le monde semble apprécier, riant, flirtant, dansant, même à contre-courant. Il pourrait bien s'agir de la musique. Pas entraînante pour un euro, elle englobe la salle et la ralentit, avant d'ouvrir la foule sur une table basse devant laquelle Pam se vautre, son verre à cognac gigantesque à hauteur de ses yeux.

- T'as vu le type là-bas ?
- Lequel ? je demande, ou mes yeux, peut-être, le font-ils à ma place.
- Celui avec le tricorne. Impayable !

Il y a effectivement un type en tricorne, qui n'a pas l'air de s'amuser. Lui aussi cherche du regard. Mais au loin, lorgnant vers la sortie, insensible aux remous qu'il côtoie, il doit penser à son bateau. Enfin, c'est ce que je me dis. Quoi ?

- Je disais que tu as un chouette chapeau aussi, me dit Don.

Je porte un haut de forme sanglé d'un bandana rouge vif. Et là je me souviens : Sam me l'a donné avant son départ, que nous sommes censés être en train de fêter, Sam, déjà parti, je devais lui dire un truc, un truc super important, je vais le trouver. Ah mais non, il est parti. Pourtant je suis déjà dehors. J'entends distinctement les pulsations qui sortent du bar, elles me paraissent plus claires qu'à l'intérieur. C'est normal : le groupe joue dehors, à cinq mètres de moi, comme une répète dans la rue, ils jouent pour eux, se lancent des sourires ou ferment les yeux, concentrés, ailleurs. Jusqu'à ce qu'un avion passe, et non un bateau pour tricorné, un avion, celui de Sam.

Spiderland par Slint : le disque de mes rêves.


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