mercredi 27 août 2008

Repose-toi, tête lasse, ça va aller



Lorsque je n'étais que collégien, notre professeur d'histoire eut l'idée géniale d'évaluer le programme sur l'histoire de l'art en nous projetant une diapositive de tableau. Un tableau qu'il fallait analyser (techniques utilisées, thèmes, style) avant d'en trouver finalement l'auteur. Bien sûr ce tableau nous était alors totalement inconnu, le bougre avait soigneusement évité de le soumettre à nos yeux plus trop innocents, déjà. Ne connaissant rien de ce groupe, excepté qu'il s'agit de leur premier album, je vous convie au même exercice.

En premier lieu, le titre et le nom se confondent, nous promettent repos, peut-être même de la médication. Serait-ce un groupe de médecins ? Mmh, je m'égare, voyons donc pourquoi ce disque devrait être remboursé par la sécurité sociale : ça commence par une petite introduction quasi instrumentale ténue, avec xylophone et accordéon, avant de se transformer en pop débridée. Puis le chant mime Radiohead (mince, ça va pas nous remonter le moral, ça), ou bien, tiens, on dirait soudainement du Beirut toute trompette dehors, ah et là du Divine Comedy, ici du Bright Eyes avec plein de choeurs, maintenant le violon de Yann Tiersen, et non, c'est pas possible, une reprise acoustique du Born Slippy de Underworld.

Et puis c'est quoi ces nombreux titres à rallonge ? Serait-ce un album anonyme de Sufjan Stevens ? Avec une mélancolie dominante, je ne me sens pas beaucoup plus en forme. Mais reposé, oui, c'est pas faux. Pas moins de seize morceaux ; un long repos. Un long voyage folk et country, dans l'air du temps, qui a bien étudié son 16 Horsepower autant que son Goran Bregovic.

Au bout du compte, l'exercice mène à du name dropping, quelle vacuité. Par contre je ne me suis pas ennuyé une seconde à l'écoute de cet album varié et vivant, celui d'un groupe de très bons élèves encore trop respectueux pour oser s'affirmer. Allez, montrez-vous, Get Well Soon. Sortez vos griffes la prochaine fois : j'en serai.


lundi 25 août 2008

La cour des grandes


Je ne devrais pas chroniquer cet album. En fait je ne devrais même pas savoir que cet album existe. Si j'écris ces lignes c'est parce qu'étant fan de comics, un jour j'ai ouvert Ultimate X-Men 2. Dans la BD, on voit une image de Colossus, vêtu d'un T-Shirt noir, avec juste une inscription en jaune, Tegan and Sara. Intrigué, je me suis rendu chez un ami pour chercher sur le net qui cela pouvait être.

Je suis tombé sur l'histoire de sœurs jumelles canadiennes (Tegan est à gauche de la photo) tombées dans la musique depuis leur plus tendre enfance (premier cours de piano à 4 ans) qui décident de former un groupe pour s'amuser et ont eu un peu de chance. La chance prend la forme d'un crochet, le Garage Warz de Calgary, qu'elles ont gagné haut la main (établissant au passage un record de vote qui tient toujours), et d'une rencontre avec Neil Young qui les a signées sur son label Vapor.

En 2000 parait This Business of Art, qui est le premier album sorti pour un label (Under Feet Like Ours est sorti en auto produit l'année précédente). Il est produit par Hawksley Workman, qui rajoute à leur pop acoustique des riffs de guitares et des phrases de clavier, et prend place derrière la batterie durant l'enregistrement.

La répartition des chansons se fait sur un principe à la fois simple et efficace : celle des deux qui compose chante à la fois sur l'album et sur scène. Pour l'écriture, les thèmes sont faciles à trouver, chaque histoire racontée est une histoire vécue, que ce soit une fille qui tombe sur un cambrioleur et se demande pourquoi elle se sent coupable (The First , chanson bancale mais entraînante), une autre qui hésite à sauter le pas entre amitié et amour (My Number) , ou une troisième déchirée entre l'envie de réussir et les sacrifices que cela implique (Superstar qui se conclut par un très cynique "why don't you sign me up to sell me out").

Cet album est bon. Il n'est pas génial, il n'est pas révolutionnaire, il est bon. Tegan et Sara sont douées dans ce qu'elles font, elles font preuves d'une simplicité et d'une générosité dans leur musique qui les classe dans les artistes les plus rafraîchissantes du moment, et signent avec cet album une des promesses les plus intéressantes à tenir. Leur musique ne changera pas votre vie, mais elle la rendra sûrement plus douce pendant une demie heure.