mercredi 19 juin 2013

Nouvelles du monde


Durant l'été de l'année 1993, pendant de longues vacances à Argelès, mes amis et moi avons découvert comment les Allemands dansent sur We Will Rock You. Enfin, danser... ils se mettent à genoux, tapent par terre avec leurs mains puis claquent des mains pour suivre le rythme tribal de ce morceau d'ouverture à la fois étrange et totalement épuré, qui se termine avec un solo de guitare et qui me rappelle, par son format, le Eruption de Van Halen sorti l'année suivante. En gros, c'est le credo de News of the world, l'inverse de leurs premiers albums et même peut-être le vrai complément à A Night at the Opera : l'épuration. Ou comme on dit quand on est hype : less is more.

Comme toujours on retrouve le son Queen et leurs divers points de vue stylistiques, mais poussés au maximum de leurs racines : jamais aucun autre morceau de Queen a été aussi rageur que le hard-punk de Sheer Heart Attack (une chute de l'album du même nom sorti quatre ans auparavant), jamais ils ne feront un titre plus proche de Led Zeppelin avec It's Late (un de mes titres préférés du groupe), jamais ils n'avaient été aussi loin dans la chanson romantique avec My Melancholy Blues. On entend bien que pour une fois, la production est brute, presque live, à la fois froide et directe. Je crois que pendant l'enregistrement, un groupe de punk enregistrait à côté, peut-être bien les Pistols, et que la cohabitation s'est mal passée. Normal, Queen représentait à ce moment la bête prog-opera à abattre. Peut-être l'esprit DIY de cette époque leur a soufflé cette production quasi basique et inverse à tout ce qu'ils avaient précédemment fait.

En tout cas ça marche car ils signent deux hymnes inusables, et j'aime à penser que We Are The Champions est une chanson sur les homos. L'album ne ressemble pas du tout à ces deux premiers titres, passant par la pop semblant sortir d'une comédie musicale (Spread Your Wings) à du blues sans chichis (Sleeping on the sidewalk) et du funk disco glacial (Get Down Make Love). Complètement disparate, il n'est pourtant pas indigeste, et entre Sheer Heart Attack et les titres de l'album suivant Jazz (Mustapha, Bicycle Race), un autre groupe a dû être très influencé par la liberté de ton et de genres que Queen représente si bien : Mr Bungle.

Un dernier mot sur la pochette. Pour moi, c'est sans doute une des premières pochettes peintes de cette qualité que je voyais, ne voulant pas être un montage ou une photo pour attirer l'oeil, mais bien un travail d'esthète. Et puis entre La planète sauvage et le Roi et l'oiseau, je me demande encore si le robot géant est juste un effet de mode ou stigmatisait l'esprit de l'époque, pessimiste jusqu'au trognon, punk et nihilisme.

Queen est au top même si on a le droit de ne pas totalement aimer News of the world. Mais leurs compétences sont totales et ils entrent définitivement au panthéon du rock à ce moment-là.