mercredi 30 juillet 2008

Animation suspendue


Les quelques instants qui séparent la prise en main de la lecture de ce disque ressemblent étrangement, même pour le plus aguerri des amateurs de Mike Patton, à ceux qui précèdent la roulette du dentiste, alors que le patient est sommé de se détendre dans un fauteuil toujours inquiétant. Offert et sans défense, pire que tout : consentant. Il a beau y être préparé et même – pour les plus tordus d’entre nous – heureux de s’y mettre, il le sait : ça va faire un peu mal. Puis passent les deux premiers titres, qui ne totalisent pas plus de quatre minutes de mise en bouche, arrive le 03 avril (parce que j’ai oublié de vous dire, chaque morceau porte une date du mois d’avril 2005, ne me demandez pas pourquoi, ces artistes et leurs concepts étranges), c’est le moment de se rincer, de laver les affronts subis, pour mieux y retourner. Consentant mais désormais éprouvé, l’auditeur peut enfin s’abandonner et apprécier.

Enfin, apprécier, bien sûr, mais seulement s’il a assez d’ouverture pour ingurgiter ces trente courtes pièces qui mélangent métal et bande-son de cartoons (période Tex Avery en forme). Courtes, mais aiguisées, ciselées, pensées, en un mot : professionnelles. Buzz Osborne, le guitariste de ce super groupe ici présent que j’ai également oublié de nommer, à savoir Fantômas (super groupe car composé de super musiciens venus de super autres groupes), donc, Buzzo, qui n’est pourtant pas le genre de guitariste à craindre la première tentative de déconstruction enregistrée venue, a lui-même failli fuir la salle d’attente de l’enregistrement de ce Suspended Animation. Grand perfectionniste, Patton a constamment remis ses idées sur la sellette, pour aboutir à l’opposé du précédent album, ce Delirium Corda, tout aussi extrême, composé d’une angoissante piste atmosphérique de cinquante-cinq minutes.

Et puisque l’album forme un calendrier, autant l’illustrer. C’est le talentueux Yoshitomo Nara qui enveloppe ce travail de longue haleine, réussissant pour la première fois à ôter le noir d’une pochette de Fantômas, rendant très justement la gaieté relative du contenu. Sorti du fauteuil inquiétant, après avoir été malmené joyeusement par de petites lames roses et vives comme Beep-Beep (pardon, le Road Runner), l’auditeur se trouve requinqué. Ou cotonneux. Tout dépend de son adaptabilité.





1 commentaire:

Anonyme a dit…

Si je ne connaissais pas, ta chro m'aurait incité à écouter mais comme j'ai dans mon entourage des Pattonien frénétiques...