Tous les ans c'est la même chose : qu'est-ce qu'on prend comme disques pour les vacances ? Ayant depuis longtemps perdu l'habitude d'être au fait des nouveautés et des nouveaux groupes, c'est souvent l'occasion de redécouvrir un vieux disque oublié et/ou de reprendre des valeurs sûres qui accompagneront les longues heures coincées dans le traffic routier, les gares bondées, les aéroports non climatisés et autres joyeusetés du trajet. C'est qu'il faut aussi tenir les bêtes des sièges arrières, les intéresser et les détendre. Dur.
Comme beaucoup d'autres, Mike Patton a rythmé ma vie (souvenirs émus de l'achat de Angel Dust à sa sortie) et comme c'est un boulimique qui ne s'arrête à aucun style musical ni défi (chanter avec Björk, ah, bonne chance !), il ne cesse de produire des projets divers, de multiplier les collaborations, d'ouvrir les champs d'investigation de ses chants.
Car Patton veut tester la voix dans toutes ses limites. De l'extrême Fantômas au rap des X-ecutioners, du chant italien de Mondo Cane à la bande originale de Crank, ce qui forcément rayonne entre le très bon et le bof.
Peeping Tom (qui signifie "voyeur" en langue anglaise, j'ai du mal à comprendre l'origine de ce mot, en tout cas je le trouve nettement plus réussi que son homologue français) est tout à la fois un disque, un groupe et un projet. Sorti par son propre label Ipecac (le nom d'un puissant médicament vomitif), Patton pousse la présentation même du compact-disc dans une forme inédite, où la languette à droite ouvre un tiroir à gauche pour nous dévoiler un oeil masculin au centre du trou de la serrure.
A part son nombre de titres (onze) et sa durée (courte), Peeping Tom ressemble beaucoup à un disque de rap des années 2000 : uniquement des collaborations à chaque titre, des invités prestigieux (Massive Attack, Norah Jones, et même Bebel Gilberto pour une bossa nova torride), une ambiance de fête, de grosses basses, des insultes et des insanités (sussurées par Norah Jones, c'est encore meilleur), des titres courts faits pour le dance-floor des boîtes de nuit d'Ibiza.
Sauf qu'évidemment, je suis presque absolument certain qu'aucun titre sous cette pochette ensoleillée soit passé à Ibiza. Il faut dire que tout le milieu du disque est joyeux et drôle, chanté, plein de gimmicks de DJ. Mais le premier et le dernier titres ont de fortes reminiscences de Faith No More, et derrière une basse funky pointent soudainement des guitares branchées sur des amplis à lampe de 300 Watts.
Peeping Tom a un frère jumeau, un disque qui m'a très longtemps obsédé, et qui est lui-même un disque d'été, un disque solaire, langoureux ou enfiévré : California de Mr Bungle, autre groupe phare de Mike Patton. Finalement, pour les prochaines vacances, je vais prendre les deux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire