jeudi 24 juillet 2008

Drapeau rose


Punk. Ce mot merveilleux, dont la paternité reviendrait à Lester Bangs, ne semble être né que pour être déformé, tordu. Il est un réceptacle perpétuellement ouvert. Sa brièveté, après une décennie de délires flûtistes hippies, de rock progressif ampoulé, de jazz libre, de blues usés et de funks (tiens ?) interminables, coupe toute velléité pour foncer sur l’essentiel (dunk ! nan je déconne).

Pink. Le rose, couleur de toutes les transgressions, montée fièrement en drapeau sur la pochette (aussi froide que la musique qu’elle recouvre), annonce un punk arty. Ici, les onetwofreefour popularisés par Joey Ramone sont scandés en français, les refrains disparaissent, les titres peuvent descendre sous la minute, c’est comme ça, on a une idée, on va pas la faire durer sur quarante-huit mesures, punkt.


Arty (ou intello, ou avant-gardiste, c’est selon) n’est, ici, pas un vain mot. En bons Anglais élevés aux Beatles, Wire tire des mélodies imparables (Fragile ou Ex Lion Tamer), mais pas que. Ils inventent la noisy (Pink Flag), invitent Television et le Velvet Underground (Strange), précèdent la cold-wave (Lowdown), multiplient les riffs parfaits (Three Girl Rhumba).


Mais comme tous les grands disques, il ne se délivre pas à la première écoute. Même si ils ne s’étendent que sur trente-cinq minutes, les vingt-et-un moments (peut-on parler de « chanson » ou de « morceau » lorsqu’une intro puis qu’un couplet forment un titre ?) qui fondent ce premier album demandent à être compris avant d’être chéris. Ni vraiment punk, ni vraiment pop, l’expérimentation de Pink Flag ouvre des brèches. Ce disque est donc essentiel. Point.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Chouette Chro.
Pas facile de parler de WIRE, vaut mieux les écouter (quoique "écouter" n'est peut-être pas le bon terme....).