L'Exit 07 est une petite salle. En fait c'est un bar spacieux sans tables qui serait localisé dans un hangar un peu à l'écart. Deux cents personnes et c'est plein à craquer quoi. C'est super, j'ai l'impression qu'on va être au milieu de la scène, que les gars vont jouer autour de nous. Ca annihile l'impression complètement fausse que ces types pourraient être différents ou spéciaux. Meilleurs, courageux, un peu fous, loin de chez eux, mais pas différents. Et ça marche pour beaucoup, mais pas pour les vrais fêlés genre Lou Reed.
Ce soir, c'est METZ, groupe de punk hardcore originaire du Canada, et qu'on a beaucoup comparé à Nirvana mais j'y reviendrai. Ca commence avec les Cheatas, un groupe de quatre Anglais qui font un revival shoegaze plein de pédales d'effet, mais qui n'a pas oublié de s'énerver par moments. On est loin des sons éthérés de Lush, et ça sonne vraiment pro, carré. J'aime bien. Ca m'étonne même, je pensais que plus personne ne faisait ce style de rock. Les cycles sans doute.
Et puis Metz, après une courte pause changement de set. Pourquoi Nirvana donc ? Déjà pour la formation : un (power) trio guitare-basse-batterie, avec un blondinet qui chante et tape sur sa guitare Jazzmaster, et un batteur qui arbore la même coupe que Dave Grohl en 1993. Mais il a beaucoup moins de fûts. En fait, il a le strict minimum en plus de la caisse claire, du charley et de la grosse caisse : une crash, une ride, un tom basse et un tom medium. De même pour les amplis. Un gros Orange de Fender, et un gros frigo pour la basse de marque inconnue. Ensuite, deux groupes signés par Sub Pop. Et puis, le dos de la pochette de leur album est une parodie du dos de la pochette de Bleach, le premier LP de Nirvana.
Nirvana
Metz
Enfin, un genre commun, le punk-rock. Basique, explosif. Sauf qu'en fait, avec ses petites lunettes et ses hurlements, le chanteur Alex Edkins me rappelle surtout le Steve Albini version Shellac. La musique et ses comparses confirment. Nous sommes en présence de la branche Black Flag du punk, au son modernisé, dense, rampant, qui lance de véritables déflagrations. Et ne cherche surtout pas la mélodie ou le blues que Nirvana s'appropriait, ce qui leur a valu d'être aimé de tous, de voir les fêlures de Kurt Cobain. Ici, seules comptent l'énergie et la simplicité. En moins de trois morceaux, tous seront trempés de sueur, Alex Edkins aura postillonné l'équivalent de deux seaux, le tout sans ligne de chant à laquelle se raccrocher. Uniquement le cri primal des Sex Pistols, mais maîtrisé depuis le son à la réalisation en passant par la présence scénique. Nous étions peu, mais tout le monde a rapidement eu envie de voir le phénomène de plus prêt ; malgré la timidité relative de ce genre de public, Metz mit directement les choses au clair : impossible de résister à l'appel de la pieuvre.
Pendant une heure et quart, le groupe alterne les assauts et les questions. Il nous demande si il faut rester sur place ou aller boire des bières ailleurs, si d'autres bars sont plus sympas, si on ne fête pas Halloween ("C'était hier mais vous avez raison de pas être déguisés, c'est de la merde, Halloween."), si on s'amuse, si on est contents de la première partie, que le prochain morceau est nouveau et qu'il n'a pas encore de titre, et qu'il y a des t-shirts en vente. Je n'aurai malheureusement pas le temps et le courage de les interpeller pour savoir s'ils avaient l'intention de visiter la ville de Metz, à soixante kilomètres de là, ou si d'ailleurs ils l'avaient déjà fait. Si ils suivent encore Shellac, ça viendra.
Ils concluent sur Wet Blanket, évidemment. La partie centrale du morceau se prêtant aisément à des expérimentations sonores, le groupe en profite pour larsener jusqu'à plus soif, se rouler par terre, jouer debout sur la grosse caisse alors même que le batteur Hayden Menzies continue à taper et que le bassiste Chris Slorach pogote tout seul. Mais il y aura un rappel : Neat Neat Neat de The Damned.
Tant de professionnalisme et d'efficacité me conforte dans mon opinion que le punk n'est pas aussi simple que sa réputation. Pour arriver à conduire cette carne sans difficulté alors qu'elle ne cherche qu'à s'échapper, le travail a dû être long. Cela s'entend même sur l'album. La seule inconnue, c'est l'évolution : deviendront-ils plus sophistiqués, perdant ainsi cette spontanéité si durement élaborée ? Ou continueront-ils à enlever des cordes de guitares, des têtes d'ampli ?
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