Je vous présente ma monomanie du moment. Un disque de 1976, le dixième de son auteur, un vieux disque en somme, y compris pour Bowie, puisqu'il ne s'agissait pas non plus d'un essai. Rares, très rares sont ceux qui dans le rock ont accouché d'un dixième (ou d'un septième ou sixième) album qui soit aussi important, que ce soit pour son créateur ou pour les mélomanes. Et ce n'est pas nouveau, les Beatles n'en ont même pas fait dix. Même si en ce moment, j'ai l'impression que c'est pire. Regardez par exemple Arcade Fire, un groupe qu'on aime porter aux nues. Trois albums seulement en quoi, six ou sept ans. Et on pense déjà qu'ils sont peut-être finis, que l'aventure va s'arrêter. Bref, voilà une preuve de plus que Bowie est un extra-terrestre.
Je connais Station To Station depuis quinze ans, je l'écoute plutôt régulièrement, mais à l'occasion de sa réédition avec le live au Nassau Coliseum du 23 mars 1976 il y a peu, je l'ai redécouvert. Ca ne me pose pas de problèmes, au contraire. J'ai bien découvert Depeche Mode en 2001, Neil Young en 2007 et Prince cet été. Attention, quand je parle de découverte, je parle de comprendre ou du moins d'appréhender une oeuvre, un artiste, pas de n'en avoir jamais entendu un titre ou entendu parler. Par exemple, si vous pensez connaître Gainsbourg sans jamais avoir écouté son Histoire de Melody Nelson, alors vous ne connaissez pas Gainsbourg, pas vraiment. Je vais donc immédiatement vous donner la morale de cette chronique : ne jetez pas vos vieux disques avant de les avoir réécoutés au moins une fois.
J'ai toujours aimé Station To Station, mais à l'époque Wild Is The Wind ne me parlait pas. Je me disais "ça y est il fait son crooner, il se la raconte, le David, là, allez coco, je remets la première de dix minutes, celle-là est spéciale". Alors oui, la chanson titre de dix minutes est spéciale, mais finalement Wild Is The Wind l'est aussi. Parce que c'est une reprise, déjà, et puis parce que Bowie y fait plus que le crooner : il interprète. Avec une totale conviction, preuve qu'il ne pouvait faire qu'un bon acteur, à l'instar de Jacques Brel.
Et me voici donc non plus devant un album qui n'était qu'une prémisse de son (à mes yeux) plus grand disque (le très instrumental Low), mais devant son complément, celui où Bowie ne fait pas que redéfinir la funk, un album où il se transforme en chanteur. Libéré de ses oripeaux glam, de ses doppelganger Aladdin Sane et Ziggy Stardust, de ses attributs de rock star, de compositeur de tubes, d'icône bisexuelle, Bowie se montre simplement en costard. Et chante. En Thin White Duke, un nouvel avatar... mais d'où sort-il, cet avatar ? D'un roman de Chandler, d'un film de Bogart ? Aucune idée, ma culture s'arrête rapidement. Ce n'est pas un nouveau personnage que Bowie crée ici, mais plutôt une nouvelle musique. Le groupe nouvellement composé qui l'accompagne ici participera aux quatre albums suivants, autant dire l'intégralité de la période la plus recherchée et avant-gardiste du charismatique dandy. Des musiciens précis et flexibles, ouverts et plein d'idées, comme on en trouve chez Zappa.
Vous connaissez ces critiques qui décortiquent chaque titre d'un album ? Celles qui désossent complètement pour en faire une description complète, que l'on sache ce que l'on écoute ? Je déteste ce genre de chronique. Et pourtant j'ai très envie de le faire. Car ce ne sont que six titres et trente-huit minutes. Mais de ce genre de minutes qui altèrent la réalité. Soyez gentils, suivez les liens. Les dix minutes de la chanson titre sont folles, et les vingt-huit qui suivent ne sont pas en reste, il y a le choix : des ballades ténébreuses, de la funk cadrée incendiaire, de la chanson potache, des ponts en apesanteur. Un seul mot définit ce disque (et le concert bonus ne fait que le démontrer) : classe.
PS : Vous avez peut-être remarqué (mais franchement ça m'étonnerait) que je fais référence ici à des disques dont j'ai déjà parlé ailleurs sur ce blog, à chaque fois en comparaison ou en lien, ayant sans doute trop peur de m'y frotter. Ceux qui retrouvent les articles concernés auront toute ma considération.
Je connais Station To Station depuis quinze ans, je l'écoute plutôt régulièrement, mais à l'occasion de sa réédition avec le live au Nassau Coliseum du 23 mars 1976 il y a peu, je l'ai redécouvert. Ca ne me pose pas de problèmes, au contraire. J'ai bien découvert Depeche Mode en 2001, Neil Young en 2007 et Prince cet été. Attention, quand je parle de découverte, je parle de comprendre ou du moins d'appréhender une oeuvre, un artiste, pas de n'en avoir jamais entendu un titre ou entendu parler. Par exemple, si vous pensez connaître Gainsbourg sans jamais avoir écouté son Histoire de Melody Nelson, alors vous ne connaissez pas Gainsbourg, pas vraiment. Je vais donc immédiatement vous donner la morale de cette chronique : ne jetez pas vos vieux disques avant de les avoir réécoutés au moins une fois.
J'ai toujours aimé Station To Station, mais à l'époque Wild Is The Wind ne me parlait pas. Je me disais "ça y est il fait son crooner, il se la raconte, le David, là, allez coco, je remets la première de dix minutes, celle-là est spéciale". Alors oui, la chanson titre de dix minutes est spéciale, mais finalement Wild Is The Wind l'est aussi. Parce que c'est une reprise, déjà, et puis parce que Bowie y fait plus que le crooner : il interprète. Avec une totale conviction, preuve qu'il ne pouvait faire qu'un bon acteur, à l'instar de Jacques Brel.
Et me voici donc non plus devant un album qui n'était qu'une prémisse de son (à mes yeux) plus grand disque (le très instrumental Low), mais devant son complément, celui où Bowie ne fait pas que redéfinir la funk, un album où il se transforme en chanteur. Libéré de ses oripeaux glam, de ses doppelganger Aladdin Sane et Ziggy Stardust, de ses attributs de rock star, de compositeur de tubes, d'icône bisexuelle, Bowie se montre simplement en costard. Et chante. En Thin White Duke, un nouvel avatar... mais d'où sort-il, cet avatar ? D'un roman de Chandler, d'un film de Bogart ? Aucune idée, ma culture s'arrête rapidement. Ce n'est pas un nouveau personnage que Bowie crée ici, mais plutôt une nouvelle musique. Le groupe nouvellement composé qui l'accompagne ici participera aux quatre albums suivants, autant dire l'intégralité de la période la plus recherchée et avant-gardiste du charismatique dandy. Des musiciens précis et flexibles, ouverts et plein d'idées, comme on en trouve chez Zappa.
Vous connaissez ces critiques qui décortiquent chaque titre d'un album ? Celles qui désossent complètement pour en faire une description complète, que l'on sache ce que l'on écoute ? Je déteste ce genre de chronique. Et pourtant j'ai très envie de le faire. Car ce ne sont que six titres et trente-huit minutes. Mais de ce genre de minutes qui altèrent la réalité. Soyez gentils, suivez les liens. Les dix minutes de la chanson titre sont folles, et les vingt-huit qui suivent ne sont pas en reste, il y a le choix : des ballades ténébreuses, de la funk cadrée incendiaire, de la chanson potache, des ponts en apesanteur. Un seul mot définit ce disque (et le concert bonus ne fait que le démontrer) : classe.
PS : Vous avez peut-être remarqué (mais franchement ça m'étonnerait) que je fais référence ici à des disques dont j'ai déjà parlé ailleurs sur ce blog, à chaque fois en comparaison ou en lien, ayant sans doute trop peur de m'y frotter. Ceux qui retrouvent les articles concernés auront toute ma considération.
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