samedi 20 décembre 2008

Le souterrain de velours & Nico



J'écoute un disque. Inutile de se voiler la face, derrière cette simple phrase s'en cache quelques autres qui ne se prononcent pas si facilement. Laissez-moi tranquille. Je veux être seul. Je veux partir. Je veux rêver. Je me sens seul. Parlez-moi. Je veux disparaître. Je m'en fous.

Cela marche quasiment avec tout. Il suffit de connaître le sentiment du moment : colère, tristesse, excitation, joie, paresse, fatigue, jeu. La musique le souligne comme elle lie les chants ou les oreilles, comme si elle pointait du doigt l'ambiance. Voilà pourquoi rien n'est pire qu'un disque imposé dans une salle des fêtes : l'inverse ne fonctionne pas pour autant.

Parce qu'avec une équipe de bras cassés autour d'un mannequin aussi anguleuse que sa voix, avec une attitude à l'encontre même de son époque, le tout parrainé par le pape du pop-art, The Velvet Underground & Nico a remis les pendules à l'heure : réveillez-vous, endormez-vous, fouettez-vous, on s'en fout, mais surtout, arrêtez d'être des spectateurs. Regardez, nous. Ridicules, pédants, croyez ce que vous voulez, peu importe, écoutez-nous, voilà l'important. Une chanson pour le soleil, une autre pour les ténèbres, une autre pour la danse, une autre pour les pertes de sens, on fait tout, on connait tout sans rien connaître. Suivez-nous.

Depuis, nombreux sont les enfants du Velvet. Souvent pour le pire, mais aussi souvent pour le meilleur, ils tentent de souligner l'ambiance, pointer du doigt le sentiment, pas de le provoquer. Ceux-là, seuls, sont nos amis.



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