On n'est pas là pour rigoler. Même si, en d'autres circonstances, l'image de ce type semblant revenu de tout, portant l'uniforme du noctambule citadin au milieu d'un sous-bois, peut paraître incongrue voire franchement comique, elle prend une toute autre dimension après l'écoute du contenu. Le noir, pour commencer. Il grignote le peu de blanc qui persiste, il irradie, tel une lumière négative. Et puis le thème : L'imprudence. Celle qui tourne la virée en errance du petit matin ? Celle qui révèle le fond, enfoui sous le vernis de la civilité ?
L'imprudence en tant que perte du contrôle. Tout le disque tend à démontrer cet état, à le chercher. Imaginez-vous devant une section de cordes, des types et des filles qui n'ont eu que rigueur et labeur comme éducation musicale, et tout ça pour atteindre un niveau honnête (la compétition dans cet univers fait froid dans le dos), et votre but, c'est de les utiliser pour déraper, pour plomber, pour souffler sur les chansons, les éteindre, les lancer au vent. De bons musiciens à transformer, de la batterie au piano de Steve Nieve en passant par les violons, même si est intégré un petit grain de folie avec le guitariste Marc Ribot. Bashung n'a pas écrit un opéra rock, même si Othello est cité, mais une symphonie rock. Si les musiciens dérapent, celui qui les écoute ne fait pas mieux. Tétanisé par tant d'arrangements, d'expériences, le corps ne réagit plus, les pensées divaguent. Survaguent. Sur vagues.
Car, bon, c'est Bashung, Bashung et son écriture surréaliste fascinante. Ses paroles coulent tellement loin de la production usuelle que la tentation de les laisser s'exprimer telles quelles semble évidente. Pourtant, je ne les retiens jamais. Je les connais, je peux les dérouler à l'unisson du maître de cérémonie, mais leur sens m'échappe. Seule compte leur sonorité. A l'inverse d'un Léo Ferré qui mettait ses poèmes en musique, Bashung transforme les notes en mots. Même si au final les formes paraissent semblables, les intentions de ces deux déclameurs divergent. Et puis, si sens il y a, chez Bashung, il est toujours double, réversible. Rêves en vers, à l'envers : "Un jour j'irai vers l'irréel".
On n'est pas là pour rigoler, le type en noir rappelle que si il faut parler du Spirit Of Eden de Talk Talk, c'est toujours avec déférence et respect. C'est pour ça que son Imprudence rappelle les constructions alambiquées et cotonneuses de Talk Talk, ces deux disques immenses que sont Spirit et Laughing Stock. Mais qu'est-ce qui fait un grand disque ? Plus qu'une somme de musiciens, ne serait-ce pas la perte du contrôle, laisser la créature gambader ou tout dévaster ? Si celle de Frankestein ne s'était pas évadée, le roman de Mary Shelley aurait-il été réussi ? Pour son Tout sera comme avant, Dominique A. a repris la même équipe que celle de L'imprudence. Raté.
Si ça se trouve je me vautre complètement. Je n'ai rien compris et j'échafaude des idées très loin de la réalité et de la conception de ce disque. C'est pas grave, mes états solides et gazeux ne devraient pas changer à chaque réécoute de cet album. Et puis au diable la prudence.
L'imprudence en tant que perte du contrôle. Tout le disque tend à démontrer cet état, à le chercher. Imaginez-vous devant une section de cordes, des types et des filles qui n'ont eu que rigueur et labeur comme éducation musicale, et tout ça pour atteindre un niveau honnête (la compétition dans cet univers fait froid dans le dos), et votre but, c'est de les utiliser pour déraper, pour plomber, pour souffler sur les chansons, les éteindre, les lancer au vent. De bons musiciens à transformer, de la batterie au piano de Steve Nieve en passant par les violons, même si est intégré un petit grain de folie avec le guitariste Marc Ribot. Bashung n'a pas écrit un opéra rock, même si Othello est cité, mais une symphonie rock. Si les musiciens dérapent, celui qui les écoute ne fait pas mieux. Tétanisé par tant d'arrangements, d'expériences, le corps ne réagit plus, les pensées divaguent. Survaguent. Sur vagues.
Car, bon, c'est Bashung, Bashung et son écriture surréaliste fascinante. Ses paroles coulent tellement loin de la production usuelle que la tentation de les laisser s'exprimer telles quelles semble évidente. Pourtant, je ne les retiens jamais. Je les connais, je peux les dérouler à l'unisson du maître de cérémonie, mais leur sens m'échappe. Seule compte leur sonorité. A l'inverse d'un Léo Ferré qui mettait ses poèmes en musique, Bashung transforme les notes en mots. Même si au final les formes paraissent semblables, les intentions de ces deux déclameurs divergent. Et puis, si sens il y a, chez Bashung, il est toujours double, réversible. Rêves en vers, à l'envers : "Un jour j'irai vers l'irréel".
On n'est pas là pour rigoler, le type en noir rappelle que si il faut parler du Spirit Of Eden de Talk Talk, c'est toujours avec déférence et respect. C'est pour ça que son Imprudence rappelle les constructions alambiquées et cotonneuses de Talk Talk, ces deux disques immenses que sont Spirit et Laughing Stock. Mais qu'est-ce qui fait un grand disque ? Plus qu'une somme de musiciens, ne serait-ce pas la perte du contrôle, laisser la créature gambader ou tout dévaster ? Si celle de Frankestein ne s'était pas évadée, le roman de Mary Shelley aurait-il été réussi ? Pour son Tout sera comme avant, Dominique A. a repris la même équipe que celle de L'imprudence. Raté.
Si ça se trouve je me vautre complètement. Je n'ai rien compris et j'échafaude des idées très loin de la réalité et de la conception de ce disque. C'est pas grave, mes états solides et gazeux ne devraient pas changer à chaque réécoute de cet album. Et puis au diable la prudence.
2 commentaires:
C'est une belle chronique, en particulier tout le corps du texte ( à partir du second paragraphe) . J'aime beaucoup la façon dont tu parles de ce disque, même si je n'ai pas forcément ressenti la même chose. J'aime cet album mais c'est pas mon préféré. "L'imprudence en tant que perte du contrôle" ---> ce que j'ai ressnti moi, c'est un peu le contraire: Il s'accroche pour pas le perdre ce contrôle et ça se voit vachement. (Je veux dire aussi que je trouve ce disque ultra sophistiqué, ça sonne un peu artificiel à mes oreilles ) .
Par contre les mots transformés en notes et tout ça, j'adhère pleinement !!
Merci beaucoup copain !
C'est marrant, tu n'es pas le premier à me dire que ce disque est trop personnel, qu'il engendre des sensations trop différentes d'une personne à l'autre.
Alors oui, c'est juste, ce disque est sophistiqué, complexe, cherché, fouillé, léché, mais surtout il est déstabilisant. On se demande si il croule sous son poids ou si au contraire il n'arrive pas à rester sur terre. Alors, moitié vide ou moitié plein, perte ou recherche du contrôle, les deux faces d'une même pièce. C'est ce qui est merveilleux : il rend chaque auditeur unique.
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